Centre Pompidou

Rédaction de contenus (interviews, portraits, chroniques) pour Le Magazine du Centre Pompidou.
RENCONTRES
Dans son dernier spectacle Les Forteresses, le metteur en scène franco-iranien Gurshad Shaheman explore le destin éclaté de trois femmes de sa famille, qui ont vécu et subi les aléas qui ont secoué l'Iran dans les années 1980. Après avoir recueilli leurs témoignages, Gurshad Shaheman nous présente trois monologues, trois récits de vie, qui s'entrelacent et se séparent. Sur scène, sa mère et ses deux tantes racontent ainsi l'histoire de l'Iran à travers leur exil et leur résilience. Rencontre.
Renouveler le regard sur ce qui nous entoure en articulant philosophie et écologie, voilà le projet de Vinciane Despret. Invitée intellectuelle du Centre Pompidou pour la saison 2021-2022, la philosophe et psychologue interroge notre rapport au vivant et aux animaux. Son ouvrage Autobiographie d'un poulpe : et autres récits d'anticipation (Actes Sud, 2019) s'attachait ainsi à imaginer d'autres manières d'être humain sur terre. À la rentrée, elle propose avec le poète Pierre Vinclair un atelier d'écriture en ligne consacré à la disparition des animaux et des êtres vivants sur notre planète menacée par la sixième extinction de masse. Rencontre avec la chercheuse belge.
Le metteur en scène et réalisateur ramène au centre de l'attention et de la scène des professions négligées ou des objets de la culture populaire méprisés. Dans Gardien Party, sa dernière création présentée au Centre Pompidou dans le cadre du Festival d'Automne à Paris avec le Théâtre de la Ville, Paris, Mohamed El Khatib donne la parole à des agents de surveillance de musées du monde entier. Rencontre avec un ancien footballeur qui n'a pas oublié le sens du collectif.
Peintre, illustrateur, scénographe, Paul Cox est l'homme qui a signé l'identité visuelle archi vitaminée de mille formes, le centre d'art destiné aux enfants installé à Clermont-Ferrand. Rencontre avec un infatigable curieux qui, à 62 ans et depuis sa Bourgogne d'adoption, déborde de projets. Rencontre.
CHRONIQUES
Aux critiques qui reprochaient à son bâtiment de ressembler à un centre commercial avec son grand escalator, l'architecte Renzo Piano répondait avec une pointe d'humour : « Tant mieux ! Personne n'a peur de se rendre dans un hypermarché. » L'histoire de l'art est peuplée d'artefacts domestiques apprivoisés par les artistes, qui enrichissent désormais la collection du Musée national d'art moderne, la première en Europe.
En 1914, Marcel Duchamp entre au rayon quincaillerie du Bazar de l'Hôtel de Ville. Depuis un an, l'institution parisienne a fait peau neuve. Flamboyant et agrandi, le grand magasin attire notamment les badauds venus admirer son dôme qui s'élève vers le ciel. On trouve de tout au BHV, même ce qu'on ne cherche pas. Pourquoi Duchamp a-t-il franchi les portes de l'établissement du quartier du Marais ce jour-là ? Pour acheter une clé de 12 au rayon bricolage ? Pour s'offrir un parfum ou une nouvelle pipe ? Mystère. Et s'il avait choisi à la dernière minute d'aller faire un tour au Bon Marché, l'histoire de l'art aurait-elle pris une autre tournure ? Avec des si, on mettrait Paris en bouteille. Justement. Ce qui est sûr, c'est que Marcel Duchamp ressort rue de Rivoli avec un porte-bouteilles sous le bras. Un cousin en fer du porc-épic franchement pas pratique à transporter dans le métro aux heures de pointe. Lire la suite
C'est au niveau 5 du Musée national d'art moderne, salle 17, que le mobilier Bauhaus du designer Hongrois Marcel Breuer, père du modernisme, a pris ses quartiers : le fauteuil club B3, conçu pour le peintre Vassily Kandinsky, la chaise « Piscator », commandée pour l'appartement berlinois du metteur en scène Erwin Piscator, le fauteuil B 35, et aussi le fauteuil MR 20 de Ludwig Mies van der Rohe, la chaise à lattes... Manquent quelques magazines de golf et trois Paris Match périmés pour que la pièce ressemble à la salle d'attente d'un cabinet de dentiste du 16e arrondissement de Paris. Bois, métal, textile... L'esthétique 1920 est épurée, élégante, intemporelle. Il est tentant de tester le confort de ces pièces maîtresse du design mais évidemment c'est interdit. L'injonction « Ne pas toucher » s'adresse aussi aux fesses. Lire la suite
Avec ses 2,50 mètres de haut, Brandt / Haffner est un imposant parallélépipède exposé au niveau 4 du Musée national d'art moderne. Signée Bertrand Lavier, l'œuvre est composée d'un réfrigérateur de la marque Brandt posé sur un coffre-fort estampillé Haffner qui fait du coup office de socle. Le principe est assez simple. Dans la lignée du readymade de Marcel Duchamp, la pièce du plasticien français questionne le statut de l'objet, la définition d'une sculpture et de son socle, chère à Brancusi, la société de consommation, la reproduction à l'échelle industrielle... Mais pointe encore une interrogation dans la tête du visiteur face à ce totem électroménager réalisé en 1984 : derrière la porte du frigo, y a-t-il du rosé au frais ? Lire la suite
En 1920, Man Ray rend visite à son ami Marcel Duchamp dans son atelier new-yorkais, au 1947 Broadway, à Manhattan. Visiblement, cela fait un bail que le Français n'a pas donné un coup de propre. « On avait l'impression que la pièce n'avait jamais été balayée [...] même pas au moment où Duchamp y avait emménagé. [...] et partout la poussière se répandait en une couche si épaisse que nous en étions stupéfaits », confirme la peintre Georgia O'Keeffe qui découvre à l'époque les lieux en compagnie de son mari Alfred Stieglitz. L'artiste des ready-mades, qui s'épilait entièrement le corps parce qu'il n'aimait pas l'aspect négligé que donnent les poils, vit dans une porcherie. Le logement est en désordre, crasseux. Au milieu de ce chaos, le photographe américain remarque une plaque de verre recouverte d'une abondante pellicule de poussière. Lire la suite